Soudain, la France s’est couverte de gilets jaunes.
Question Gilet Jaune, la classe politique n’a rien vu venir. Pas plus que le landerneau médiatique. Des Cassandre ont bien lancé des alertes, en nous avertissant à intervalles réguliers. Mais ces prédictions étaient noyées dans le bruit de fond de la société de spectacle. L’éventualité du pire faisait même partie du divertissement. Si bien que personne n’a tenu compte de leurs oracles.
« Obscurantisme » des campagnes
Cet aveuglement tient en partie au conditionnement mental opéré par le bagage lexical des nouvelles élites.
Celles-ci ont été victimes d’auto-suggestion. En parlant sans cesse de « vivre ensemble », de « pratiques inclusives » et autres billevesées, les maîtres du langage politique et médiatique ont cru de bonne foi qu’il ne pouvait plus rien arriver au pays ouvert à la mondialisation heureuse. La fracture territoriale ? La réticence à la fiscalité écologique ?
Le refus de la fluidité du marché du travail ? L’appréhension de l’ouverture tous azimuts des frontières ? Autant de reliquats, pour nos maîtres à penser, de l’ « ancien monde » enkysté dans son conservatisme.
Le « nouveau monde » trouvait les Français trop réfractaires aux réformes. Mais peut-on faire le bien des personnes contre leur gré ? C’est la croyance de tous les pouvoirs auto-proclamés « éclairés ». Et puis, soudain, la France s’est couverte de gilets jaunes.
Dans un premier temps, le gouvernement est resté droit dans ses bottes. Après plusieurs journées de manifestation, l’exécutif semble décider à vouloir recevoir une délégation de ce mouvement inédit, porté sur les fonts baptismaux par les réseaux sociaux.
Gilet jaune : Ancien monde versus nouveau monde
Le « nouveau monde », tout imbu de sa conviction de suivre la voie du « progrès », condescend enfin à écouter les doléances de ces fâcheux, de ses empêcheurs de globaliser en rond. Faut-il que la pression soit grande pour que nos mandarins éclairés tendent l’oreille aux récriminations de ces tenants de l’obscurantisme économique et sociétal.
« Vivre de son travail », « boucler les fins de mois », « ne pas tout attendre des aides sociales », « pouvoir mettre de l’essence dans le réservoir pour se rendre au travail » : c’est là un langage peu compréhensif aux technocrates habitués au sabir des écoles économiques et managériales. Dur de reprendre langue avec le peuple !
Mauvais timing
Et tout cela à l’approche de Noël, et de la ruée vers les magasins ! On ne pouvait pas trouver plus mauvais choix pour le timing. Qui fera les achats ? Les grands magasins des boulevards parisiens ont dû être évacués le samedi 1 er décembre ! Vous parlez d’une guigne !
Ces provinciaux ne peuvent-ils pas rester cois dans leurs contrées ? Que viennent-ils faire dans la ville lumière ? Battre le pavé ? Anne Hidalgo a déjà assez à faire pour éteindre la Tour Eiffel après chaque malheur. Paris est une ville ouverte au monde : que la France périphérique la laisse tranquille ! Les deux France ne jouent pas dans la même division !
Et la fête de Noël dans tout cela ? Va-t-on la laisser aux va-nu-pieds et leurs gilets fluo ? C’est le temps de s’émerveiller, de s’embrasser, de s’extasier devant les crèches. Que devient la trêve des confiseurs ? Il ne manquerait plus que les santonniers revêtent leurs figurines d’un gilet jaune !
Jean Michel Castaing
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