Le signe de croix
Aujourd’hui Vendredi Saint sera célébré pour un grand nombre de Chrétiens* du monde fêtant Pâques, l’occasion d’en apprendre davantage sur le “signe de croix”.
Contrairement, à ce qu’on pourrait penser, se signer en faisant le signe de croix** est un geste que faisaient les Juifs avant Jésus. Ainsi, il était courant de faire ce signe sur le front en référence à la Torah (ce signe faisait référence à l’ancienne graphie du tav***.)
Les premiers disciples de Jésus, après sa crucifixion, superposèrent donc facilement ce signe hautement symbolique de la mort en croix et de la résurrection de Jésus avec le signe de bénédiction qu’ils avaient l’habitude de pratiquer. En ce qui concerne la croix, sa signification a changé de manière radicale : pour les romains elle était symbole de honte et de mort humiliante, utilisée comme torture et peine capitale, tandis que dans le Nouveau Testament, associée à la Passion et à la Résurrection de Jésus-Christ, elle devient l’emblème du salut et de la vie éternelle. Cela avait d’ailleurs beaucoup de sens puisque Jésus était pour eux la Torah vivante, le verbe de Dieu incarné.
Le poisson
Les premiers chrétiens persécutés par les autorités romaines utilisèrent le symbole du poisson comme code secret pour se reconnaître entre eux. Ce symbole du poisson fut choisi en raison d’un jeu de mots. La langue grecque était très utilisée à l’époque tout autour de la Méditerranée.
Or, ichthys ou ichthus, du grec ikhthýs (ΙΧΘΥΣ ou ΙΧΘΥC) signifie poisson mais constitue également l’acronyme de “Ἰησοῦς Χριστός, Θεοῦ Υἱός yˈjos, Σωτήρ” ce qui signifie “Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur”. Ainsi, le poisson chrétien devint un signe de résistance contre le persécuteur romain et l’Empire.
Dans l’Église primitive, le symbole d’ichthus avait une signification sacrée et une immense importance. Il permettait de marquer les lieux de rencontre ou de distinguer, par exemple, les amis des ennemis. Lorsqu’un chrétien rencontrait un étranger sur la route, le chrétien dessinait parfois un arc de cercle dans la terre. Si l’étranger dessinait l’autre arc, les deux croyants savaient qu’ils étaient frères en chrétienté et donc en bonne compagnie.
Ce signe du poisson (tourné vers la droite ou la gauche) fleurissait notamment en graffitis sur les murs de Rome, avant Pâques (dont le vendredi saint), en guise de discrètes flèches pour indiquer aux chrétiens de passage le chemin des cryptes où avait lieu un office pascal.
A noter que le signe de reconnaissance du poisson pour discriminer “l’ennemie” de “l’ami” nous fait penser au “Schibboleth” que les Ephraïmites n’arrivaient pas à prononcer. Aujourd’hui, dans certaines circonstances et certains lieux, on peut entendre “Passe Schibboleth **** “.
Le chrisme
Le chrisme ou “monogramme du Christ” est un symbole chrétien formé par les deux majuscules grecques X (chi) et P (rhô), la première étant apposée sur la seconde.
Ces deux lettres sont les premières du mot Χριστός qui signifie Christ. L’empereur romain Constantin Ier est considéré comme le premier empereur Chrétien.
La légende raconte qu’en 312, durant la bataille du Pont Milvius qui l’opposait à Maxence, Constantin Ier aurait vu le Chrisme apparaître en rêve, accompagné de ce message “par ce signe tu vaincras”. C’est avec ce signe en étendard qu’il remporta la bataille. Le Chrisme devint ainsi le symbole du christianisme et fut ensuite utilisé comme emblème par les empereurs romains qui succédèrent à Constantin.
Constantin Ier promulgua, après la victoire, l’édit de Milan (313) par lequel il accorda la liberté aux chrétiens de pratiquer leur religion au grand jour. Il est aussi à l’origine du très important Concile de Nicée mais c’est une autre histoire…
* A savoir que pour les chrétiens orthodoxes (croyants, pratiquants et respectant le Carême pour la majorité d’entre eux),Vendredi Saint est dans une semaine.
** Dans la tradition byzantine (orthodoxes et catholiques d’orient), on commence par l’épaule droite.
*** La lettre tav à l’époque moyenne (Ezechiel) se traçait en croix oblique. C’est ce signe que Jésus demande à ses disciples de porter en évidence, et c’est un signe d’attachement à la Torah. Jésus, comme souvent, cite les prophètes avec cette instruction. (Ezechiel chapitre 9). Il ne s’agit donc pas, dans les propos de Jésus, d’une invitation à ployer sous la douleur, mais d’une marque d’appartenance.
**** Dans le langage commun, un schibboleth est une phrase ou un mot qui ne peut être utilisé ou prononcé correctement que par les membres d’un groupe, c’est un signe de reconnaissance verbal… utilisé par ailleurs dans les loges des compagnons … et de préciser que Schibboleth est la clé qui permet l’émergence d’un élément qui nous transcende, l’accès à une autre dimension. Le fleuve est donc l’obstacle à franchir, à la fois séparation et passage entre deux territoires. C’est en le traversant qu’on passe d’une rive à l’autre, c’est-à-dire symboliquement de la vie à la mort, du matériel au spirituel. Comme un sésame pour le traverser. Dans le franchissement de la Mer Rouge, ce fut le bâton de Moïse. Pour les Grecs et les Egyptiens, c’était la barque.
Sources complémentaires
https://www.eglisecatholique-ge.ch/actualites/le-sens-biblique-du-signe-de-croix
https://odysseum.eduscol.education.fr/symboles-chretiens
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