Plus de 30 ans après sa découverte, le Virus de l‘Immunodéficience Humaine plus connu sous le nom de VIH-1, responsable du sida, touche encore environ 37 millions de personnes dans le monde. Ce virus infecte les cellules du système immunitaire et se transmet à travers les muqueuses (rapport sexuel non protégé) ou par inoculation directe avec du sang contaminé, empêchant les cellules de fonctionner normalement.
Même si la compréhension du phénomène est encore incomplète, l’espoir est de plus en plus présent pour la guérison de cette pandémie mondiale.
Si les antirétroviraux permettent à ce jour chez un patient de maintenir à un niveau très bas la présence du virus VIH-1, personne ne sait pour le moment éradiquer complètement cette maladie. Le virus reste à ce stade toujours présent à faible dose dans l’organisme des malades. Un article publié dans la revue Blood expliquait il y a quelques années comment une greffe de moelle osseuse, effectuée dans le cadre d’un traitement contre une leucémie, permettait d’aboutir à ce résultat inédit.
Deuxième cas mondial de rémission du Sida
Les deux patients de Boston
Lors d’une conférence médicale qui s’est tenue ce mardi 5 mars 2019, dix ans après le ” patient de Berlin “, des chercheurs ont annoncé que deux hommes séropositifs ayant subi une greffe de moelle osseuse, ont connu une rémission durable du VIH-1, et ne présentent plus de traces de VIH plusieurs mois après l’arrêt de leur traitement antirétroviral. Ces patients hiv positif vivent depuis 18 mois sans aucune trace du virus dans leurs organismes. Ces patient porteurs d’un lymphome de Hodgkin ont reçu une greffe de cellules de moelle osseuse porteuses d’une mutation appelé Delta 32.
Ce n’est pas sans rappeler l’histoire du premier malade guéri du sida, que l’on surnomme le ” patient de Berlin “.
Le patient de Berlin
En 2007, Timothy Brown, un Américain de 40 ans séropositif vivant en Allemagne, est traité par l’hôpital universitaire de la Charité de Berlin pour une leucémie qui rappelons le, est un cancer du système immunitaire.
Sachant que 0,3 % de la population mondiale est naturellement résistante au VIH-1, son médecin eut l’idée novatrice, de rechercher parmi les donneurs quelqu’un ayant des cellules de moelle porteuses de la résistance au VIH-1.
Soumis à une chimiothérapie et une radiothérapie, qui suppriment entièrement ses cellules immunitaires défaillantes, ses médecins lui demande de cesser de prendre ses antirétroviraux, par crainte que les médicaments nuisent au succès de l’opération de greffe de moelle osseuse, destinée à produire de nouvelles cellules immunitaires saines.
Deux ans plus tard, les médecins allemands révèlent que Timothy Brown ne présentait plus de signe de séropositivité.
Tim Brown a eu la chance inespérée de trouver un donneur compatible qui soit porteur de cette immunité naturelle. Ceci lui a permis, en faisant d’une pierre deux coups, de guérir non seulement de la leucémie mais aussi du sida
Mais à la différence des deux patients de Boston, son donneur de moelle présentait une mutation génétique rare, appelée CCR5 delta 32, qui rend les porteurs virtuellement résistants au VIH.
Contrairement à ce que l’on peut croire … la greffe n’est pas la solution idéale pour traiter un grand nombre de malade, mais montre bien le chemin parcouru pour éradiquer et bloquer le virus dans le monde.
Des explications complexes
Cette mutation concerne la porte d’entrée principale du virus #vih1 dans les cellules qu’il contamine. Ce récepteur est appelé CCR5. Dans une faible partie de la population européenne principalement, il existe une mutation sur le gêne codant pour cette « porte d’entrée ».
Si la mutation delta32 est présente sur les 2 chromosomes de la personne, toutes ses cellules immunitaires habituellement colonisées par le vih ne laisseront plus entrer le virus qui ne pourra plus se reproduire.. Dans le cas présent le donneur de moelle osseuse était porteur de cette anomalie et le receveur en a bénéficié et a pu se passer de tout traitement antiviral jusqu’à aujourd’hui. Les examens faits sur 25 M de ses cellules ne retrouvent pas de virus hiv1. De nombreuses équipes essaient de modifier les cellules des personnes hiv +, en les manipulants pour fermer la fameuse « porte d’entrée CCR5 ». On attend beaucoup des techniques CRISPR dans ce domaine. (Explications techniques de Nature publié mardi 05/03 à 21h)
Un grand espoir pour de nombreux malades, mais également pour les générations futures du monde entier.
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