Il existe actuellement une « minorité » pour laquelle les forces « progressistes » n’ont pas encore pensé à demander des « droits » : les élites postmodernes, qu’elles soient médiatiques, politiques ou artistiques.
Nouveau monde versus Traditions
Un « nouveau monde » qui n’a pas la cote
Depuis le temps que ces élites culpabilisent les anciens peuples européens à cause de leurs réticences à entrer dans le « nouveau monde », le grand public avait fini par se persuader que les maîtres à penser du progressisme sociétal étaient largement majoritaires, qu’ils constituaient la règle, et que c’était lui, le grand public, réfractaire car attaché aux traditions, qui était l’exception. Cette sensation était accentuée par le fait que les médias sont, dans leur grande majorité, acquis aux idées des élites de l’Occident.
Or, surprise ! Toutes les enquêtes infirment ce constat. Leurs résultats démontrent au contraire que les citoyens dans leur ensemble plébiscitent les valeurs traditionnelles, qu’ils sont attachés à la différence entre les sexes, à la famille conventionnelle, à l’importance des enseignements des Anciens de leur communauté.
Des élites aveuglées par leur pouvoir médiatique
La roue tourne. Les défenseurs auto-proclamés de toutes les minorités découvrent à leur tour qu’ils sont eux-mêmes très minoritaires ! Leur aveuglement à ce sujet résulte de ce que, tenant les manettes du pouvoir médiatique, et possédant ainsi le pouvoir de distinguer les personnes qui auront le droit d’accéder à la renommée, et celles qui devront continuer à croupir dans les ténèbres extérieures de l’invisibilité, ils ne se sont pas aperçus qu’ils constituaient une caste infime.
En effet, le levier dont ils disposent est sans commune mesure avec leur poids numérique. Aussi ce formidable pouvoir les a-t-il aveuglés au sujet de la popularité de leurs croyances. Ces dernières sont moins partagées qu’ils ne l’imaginent. Comme leurs invités sur les plateaux médiatiques adhèrent à leur credo, ils en ont trop vite conclu que toute la population entière abonde dans leur sens.
Erreur. Le « nouveau monde », que ces élites essayent de nous vendre à longueur d’antenne, n’a aucune chance de perdurer bien longtemps pour la simple raison que les peuples restent rétifs à en accepter les postulats.
Les raisons de la réticence des peuples
Les enquêtes révèlent en effet que les classes précaires et moyennes se méfient du relativisme professé par les tenants du progressisme sociétal. Leur défiance tient à ce que ce relativisme, en ne reconnaissant aucune vérité universelle, a pour conséquence que tous les styles de vie se valent, que « l’ouverture à l’autre » a davantage les faveurs du magistère médiatique que la fidélité aux valeurs transmises par les Anciens, ces Anciens qui ont façonné notre pays tel qu’il est. Or, les peuples sont attachés à leur héritage, et ne veulent pas se voir imposer une pseudo-morale « d’ouverture » dont les élites, vivant dans leur entre-soi, s’exemptent de leur côté.
Les peuples se méfient également des expérimentations sur le terrain éducatif. Le bon sens ici aussi joue un rôle préventif. Les pauvres savent qu’ils seront les premiers à essuyer les plâtres du pédagogisme dont les classes supérieures préservent leurs enfants en les inscrivant dans des écoles catholiques – alors qu’à la ville, elles vomissent l’Eglise et ses traditions !
Par-dessus tout, les classes sans voix se défient de l’individualisme professé par ces maîtres de vertu qui ont la prétention de leur indiquer où est le bien et où se niche le mal. Un individu qui décide tout seul, dans son coin, de ce qui est bon pour lui, comme un éternel adolescent, irresponsable du bien commun, ignorant les limites de sa constitution physique et celles inhérentes à son inscription dans un espace politique : un tel individu, pour le bons sens populaire, n’est pas une hypothèse réaliste. Tôt ou tard, pareil individualisme s’avérera néfaste pour la collectivité comme pour l’intéressé lui-même.
Les contradictions des élites médiatiques
A ce niveau, il est important de signaler que pour tous les peuples de la planète, la communauté est plus importante que l’individu. Dans ce domaine, les minorités médiatiques sont loin de représenter « l’avenir du monde ». Si ces élites dénigrent à longueur de journée et d’antenne l’histoire de l’Occident, leur individualisme représente pourtant un pur produit de … l’Occident !
Ainsi, ces élites scient la branche sur lesquelles elles sont assises. Dénonçant les partis populistes européens, elles ne se rendent pas compte que la majorité des habitants de notre monde partagent le credo de ces partis. Aveuglées par la mauvaise conscience de l’Occident et par leur scepticisme, elles s’imaginent que les peuples tiennent leur « tolérance » à elles pour l’alpha et l’oméga des convictions.
Or, à l’échelle du monde, la tolérance n’est pas une vertu particulièrement partagée, qu’on le regrette ou non. Il faut être un abonné aux plateaux-télé pour l’ignorer. Ces élites projettent leurs convictions sur les populations étrangères. Cette ignorance s’explique par leur visibilité médiatique qui les entretient dans leur croyance qu’elles sont au pinacle de l’évolution de la pensée. Les sunlights n’aveuglent pas seulement les yeux, mais aussi les esprits.
Nouveau monde : Toutes les nouveautés ne sont pas bonnes à prendre
Les classes invisibles ne sont pas partantes pour dire « amen » à la dernière innovation sociétale que leur propose l’idéologie progressiste. Ce n’est pas qu’elles soient allergiques au changement : ce sont elles qui supportent le poids principal de l’essoreuse de la mondialisation économique. Qu’on ne vienne pas leur donner des leçons à ce sujet ! En revanche, leur résilience ne les empêche pas de savoir trier entre bonnes et mauvaises innovations. Certaines s’accordent avec leur manière de vivre : elles sont les bienvenues. Quant à celles qui heurtent leur style de vie, les classes moyennes préfèrent ne pas les adopter.
Un peuple n’est pas un agrégat d’individus. Un peuple, ce sont des moeurs, une façon particulière de se comporter en société, d’appréhender le monde extérieur, une culture. La société ne résulte pas seulement d’un « contrat » abstrait. Elle n’est pas composée de parties juridiques qui décident de s’associer. La société est faite de personnes de chair et de sang qui partagent une culture et des manières de vivre très charnelles. L’engouement suscité par les initiatives de Stéphane Bern en matière de patrimoine en témoigne.
Lorsque le peuple pressent qu’une nouveauté risque de mettre en péril son unité, il préfère la rejeter. Quand les élites font l’apologie de l’individu-roi, ou d’un « vivre-ensemble » au sein duquel les différences entre communautés l’emportent sur la similitudes des moeurs, quand elles vantent le multiculturalisme qui sape l’assimilation et la paix civile, ou bien lorsqu’elles justifient le changement au détriment de la permanence ainsi que l’absence de limites dans tous les domaines, tout en appelant à la repentance systématique pour notre passé, alors le bon sens populaire dit : « stop ! ». Aucun peuple ne désire s’inoculer de tels poisons.
Pour toutes ses raisons, le divorce entre le peuple et les élites n’est pas réductible à la « mauvaise passion » de la jalousie. Si les classes moyennes résistent aux injonctions que les tenants de l’idéologie postmoderne leur adressent, ce n’est pas parce qu’elles seraient allergiques au changement. Cela tient à ce qu’elles ne désirent pas disparaître au profit d’un « nouveau monde » qui ne leur semble pas viable.
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