A.I … l’intelligence artificielle arrive !
L’intelligence artificielle est un fantasme récurrent : la machine qui s’affranchit de son créateur-concepteur et finit par le dominer. Ce rêve n’est-il pas à notre portée avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle ? L’homme se laissera-t-il déposséder de son pouvoir par l’objet qu’il a conçu lui-même ?
L’intelligence artificielle, qu’est-ce que c’est ?
A l’origine, l’intelligence artificielle est la reproduction par la machine du fonctionnement du cerveau humain. En théorie, l’homme est en terrain connu avec elle. Sauf que certains futurologues nous prédisent que cette intelligence pourrait prendre conscience d’elle-même, et ainsi parvenir à une forme d’autonomie! Elucubration de scientifiques-techniciens fascinés par leurs propres réalisations ? La machine peut-elle accéder à la liberté ? Ne sera-t-elle pas toujours sous la coupe de celui l’ a conçue et programmée ?
L’intelligence artificielle, ce sont des données, de la puissance de calcul, et enfin des algorithmes. Dans ces trois domaines, les progrès ne cessent d’augmenter. La bataille pour la possession des données est en passe de devenir un des leviers principaux de l’économie de demain. L’informatique reproduit toujours mieux l’intelligence neuronale. Enfin, la puissance de calcul du moindre outil connecté aurait fait pâlir d’envie les ingénieurs des années 70.
Applications concrètes
Dans l’immédiat, quelle est l’application concrète qui est faite de l’intelligence artificielle ? Elle est utilisée pour la reconnaissance vocale, afin de tenter de répondre à nos demandes. La reconnaissance d’image peut être utilisée en médecine (scanner, radios, etc). Certains chercheurs parient sur son intrusion de plus en plus fréquente dans nos existences. Au point de devenir un cerveau bis à notre disposition ! Un cerveau qui se chargera de faire les courses à notre place, ou les démarches auprès des administrations, ou d’autres tâches chronophages.
L’IA (l’intelligence artificielle) nous permettra peut-être d’autonomiser la conduite des voitures. L’automobile sans chauffeur ! Les nouveaux robots interagissent déjà avec les hommes, et adaptent leurs comportements à nos réactions !
Les salariés seront-ils perdants avec l’arrivée de l’intelligence artificielle ?
Le domaine du travail n’est pas en reste. Là aussi, l’IA est en passe de changer la donne dans beaucoup de secteurs. A l’heure actuelle, nul ne peut prédire si elle créera plus d’emplois qu’elle n’en détruira. Ce qui est certain en revanche, c’est que l’introduction de la robotique, des sciences cognitives, des nano-technologies et de l’IA bouleversera le travail. On demandera plus d’ efforts de flexibilité aux salariés. A ce niveau, il n’est pas sûr que ces derniers y gagnent. L’arrivée des nouvelles technologies réclamera davantage de formation, d’éducation « continuée » tout au long du parcours professionnel.
L’économie numérique risque d’être sans pitié pour les retardataires, et de se révéler l’agent d’un darwinisme social, où seuls survivront les plus aptes, ou bien ceux qui auront pris le tournant de ses innovations à temps. Ce qui nous amène à nous interroger sur les dangers de l’homme « augmenté » que nous promet la révolution de l’intelligence artificielle.
L’homme « augmenté » prendra-t-il le relais de Sapiens sapiens ?
Assistons-nous à l’émergence, sous la férule de l’IA, de l’homme « augmenté » ? La puissance a toujours fasciné les hommes. Le transhumanisme ne cache pas son dessein de voir émerger une classe de surhommes aux capacités surmultipliées. Ce rêve semble à la portée des ingénieurs, qui caressent le dessein de greffer sur nos corps toute une panoplie de prothèses technologiques afin de nous transformer en androïdes aux facultés démesurément accrues.
Dès lors, se pose une question éthique de la plus grande importance : qu’en sera-t-il des hommes sur lesquels ces greffes ne « prendront » pas ? Deviendront-ils des inutiles, incapables de travailler, des bouches à nourrir qu’il faudra droguer afin d’apaiser leur sentiment d’être devenus des parasites du système ? Des adultes infantilisés surnuméraires, que l’on confinera dans des réserves, simples consommateurs de hochets pour tuer le temps et s’aveugler au sujet de leur superfluité (sexe robotisé, spectacles sportifs à outrance, émissions de télé-réalité débilitantes, etc). A moins que tout ceci ne relève pas de la prospective, et que, selon le générique du célèbre feuilleton Les Envahisseurs, avec David Vincent comme héros, « le cauchemar ait déjà commencé », sans que nous nous en soyons aperçu…
Le robot peut-il être un partenaire amoureux ?
L’intelligence artificielle modifiera-t-elle notre rapport à l’autre ? La question n’est pas superflue. Que l’on songe aux robots sexuels. Comment se prémunir contre le risque de reproduire, avec nos semblables, les comportements que nous aurons entretenus avec la machine ? Le charme de l’amour consiste à entrer en rapport avec un autre, ou une autre, qui n’est pas moi (par définition). Mais si le robot ne représente que la réalisation de l’application de mes connaissances, avec qui, ou plutôt avec quoi, entretiens-je une relation quand je suis en sa présence ? Ne risque t-on pas de propager, sous couvert de progrès technique, la pratique d’un immense onanisme ?
Le robot a peut-être des capteurs, une carapace, mais pas de chair. Avec lui, se concrétise un vieux rêve de la gnose : faire abstraction des corps. Grande sera également la tentation de comparer les « performances » du robot et celles de l’humain. Là aussi, les rapports entre humains risquent de dériver vers des liens de dominés à dominateurs. La sexualité est-elle une affaire humaine, une affaire entre être humains, ou bien une question de capacité, de performance ? Qu’est-ce qu’un partenaire « augmenté » ? L’amour lui-même peut-il « augmenter » avec la machine ? Peu probable. Et surtout très peu souhaitable !
L’homme mis sous tutelle ?
Les plus optimistes nous expliquent que l’intelligence artificielle sera non seulement en mesure de prendre des décisions, mais aussi d’ apprendre de ses décisions, c’est-à-dire de se corriger. Car l’IA ne représente pas seulement une puissance technologique sans équivalant. Ses concepteurs désirent la voir acquérir par elle-même des connaissances, raisonner, décider et passer à l’exécution.
Mieux : l’IA doit pouvoir apprendre des insuffisances du cerveau humain afin de se perfectionner. C’est-à-dire que cette intelligence sera bientôt censée se corriger, mais aussi corriger les insuffisances de nos propres cerveaux à nous, pauvres humains ! Comment cela ? En collectant des milliers de données, et en les traitant afin de détecter les failles des processus qui ont échoué, de sorte à les rectifier ! L’intelligence artificielle apprendra de nos erreurs. Bien sûr, au début, la machine ne sera pas capable de discerner elle-même la nature de l’échec, et même s’il y a eu échec. Mais il suffira que ceux qui la commandent, lui indiquent que tel processus a échoué, et quel est le but à atteindre, pour qu’aussitôt elle mette toute sa puissance de calcul au service de la recherche de la solution.
Dans ces conditions, l’homme aura l’impression de devenir chaque jour un peu plus l’élève de la machine. Finira-t-il par intérioriser ce sentiment d’infériorité ? C’est un risque. D’autant plus grand que les dévots du transhumanisme essayent de nous persuader que la puissance (cognitive, calculatrice, corporelle) est plus importante que la conscience et la liberté. Là réside le risque majeur : que la fascination pour les « capacités » prenne le pas sur la liberté, et l’utilitarisme, sur la réflexion.
L’obsolescence de l’homme
« Vous serez comme Dieu » avait susurré le serpent du jardin d’Eden à Adam et Eve. N’est-ce pas précisément le programme que nous propose le transhumanisme avec l’intelligence artificielle ? Mais comme avec le diable tout est réversible, et que les simulacres de lumière se retournent invariablement en réalités opaques et ténébreuses, cet individu « augmenté » consomme en fait la disparition de l’homme. Ne soyons pas dupes : tout le monde ne pourra pas marcher du même pas que le progrès technologique. La vitesse de ce dernier ne fait que croître, sous l’effet notamment des mannes financières considérables que déversent sur la recherche ceux qui en escomptent de prodigieux profits.
Plus que jamais la vigilance est mise, si nous ne voulons pas devenir les spectateurs impuissants d’ un apartheid économique et sociétal, d’un développent différent entre les « in » et les « out » du système.
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