L’industrie nucléaire tue t-il l’avenir dans l’Aude ?
Il ne se passe pas une semaine sans que l’industrie nucléaire ne défraie la chronique en France. Tantôt, ce sont des bétons défectueux, des pompes de secours qui ne fonctionnent pas, des pièces métallurgiques hors normes mais quand même acceptées, des tuyauteries rongées par la rouille… Avec des coûts qui grimpent, le contribuable est sommé de mettre la main à la poche continuellement.
Heureusement, il n’y a pas eu encore d’accident majeur en France. Cependant, les exemples de Tchernobyl et Fukushima sont hélas l’illustration de ce qui pourrait se passer, si on continue dans cette voie sans écouter ceux qui vivent à coté des centrales ou d’endroits très chauds ou l’on recycle les déchets radioactifs comme le site de Malvesi près de Narbonne.
Double* actualité sur le nucléaire
En ce mois de Novembre 2017, l’actualité traitant du nucléaire est en double. D’un coté, Nicolas Hulot, le ministre de l’écologie annonçait que l’objectif de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50% en 2025 ne serait pas tenu et de l’autre, Alain Thirion, le préfet de l’Aude qui annonçe la signature de l’arrêté autorisant la construction d’un incinérateur très polluant sur le site AREVA de Malvési, près de Narbonne.
La loi de transition énergétique de 2015 avait tracé ce scénario de réduction à 50 % en 2025, sur la base d’études et d’expertises aussi diverses que celles de l’association Negawatt et d’agences de l’Etat. La mise en musique revenait à un décret de programmation pluriannuel. Le premier a été pris en octobre 2016, avec 6 mois de retard sur le calendrier sous le ministère de Ségolène Royal.
Frilosité gouvernementale
Ce décret a été fortement contesté par les associations de protection de l’environnement ainsi que les politiques soucieux d’écologie et de notre avenir énergétique.
Pourquoi ? Parce qu’il était frileux quant à la trajectoire des 50 %. Si le volet énergies renouvelables était mis en avant, le volet économie d’énergie manquait totalement d’ambition. Les 6 mois de retard sont dus à l’intense lobbying des acteurs de la filière nucléaire qui craignaient à la fois de perdre leurs bijoux mais encore de voir la demande en électricité diminuer.
Nicolas Hulot, étant en responsabilité et les promesses électorales faites par monsieur Emmanuel Macron donnaient l’espoir aux Anti nucléaires que la barre allait être redressée. La France, pays le plus exposé au monde à cette énergie mortifère allait pouvoir entrer dans un cercle vertueux.
Espoir perdu
Cette semaine, cet espoir a été anéanti ! Tout comme a été anéanti l’espoir qu’une solution puisse être trouvée pour une gestion responsable des déchets accumulés à Malvézi par 50 ans de production de tétrafluorure d’uranium et quelques années de traitement clandestin de combustibles nucléaires usagés.
L’exploitant s’est engagé dans la voie d’un incinérateur extrêmement polluant qui continu de soulever une profonde inquiétude dans la population locale, provoquant des demandes de moratoire, des municipalités environnantes, du Conseil Départemental, de la Région, du monde viticole… destinées à prendre le temps de rechercher des alternatives.
Devant la levée de bouclier, Alain Thirion le préfet de l’Aude a temporisé, nommant vite des experts chargés d’examiner le dossier. Au moment où ceux-ci rendaient leurs conclusions, d’autres experts mandatés par les agriculteurs et vignerons locaux se montraient inquiets quant aux retombées (NOX, composés organiques volatils, perturbateurs endocriniens, radio-nucléides… ) et à la viabilité du procédé lui-même.
Circulez y a plus rien à voir
Les experts du préfet, peu suspects de non conformisme sur la doxa idéologique pro- nucléaire, ont dit pour l’un qu’il n’y avait rien à redire et pour l’autre non plus, mais qu’il fallait organiser la concertation avec les opposants « sur les avancées technologiques ».
Fort de ces conclusions, le Préfet Thirion a décidé de signer l’arrêté autorisant cet incinérateur. Si le préfet devait préalablement consulter le CODERST (Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques sanitaires et Technologiques), qui n’est habituellement qu’une chambre d’enregistrement, il n’y a eu seulement une majorité d’avis favorables que grâce aux voix des représentants de l’état français.
Un projet rejeté par la population et les élus.
Force est de constater que nous sommes devant un projet rejeté par la population et les élus, mais soutenu par l’Etat et ses alliés de la filière nucléaire, dans l’intrication qu’on leur connaît. En effet, il faut être conscient que l’histoire de l’usine de Malvesi n’est pas qu’un enjeu local.
Que faire des déchets de l’industrie nucléaire ?
Si les média nationaux et locaux se sont intéressés, le thème reste malheureusement impossible à traiter car le format des émissions de télé et de radio rendent souvent bien difficile l’abord d’un sujet aussi complexe tant par son coté scientifique, que par la désinformation éthatique qui est facile d’observer depuis des années. (il suffit de regarder comment sont réglés la pollution des anciens sites miniers dans le Gard, tels que Saint Félix de Pallières et de ses environs)
Il n’a par exemple jamais été question dans ces média de la problématique plus générale du devenir des déchets de l’industrie nucléaire. Elle en produit annuellement des dizaines de milliers de tonnes dont personne ne sait que faire et le site de Malvési est emblématique de cette situation.
(Sauf à Bourg Fidèle dans les Ardennes ou l’Armée Française (via la société Debus à Villejuif… société spécialisée dans la récupération des métaux dans le Val de Marne avec la fonderie d’Aubervilliers en Seine Saint Denis) n’a pas hésité à se débarrasser dans la fonderie de l’usine Métal Blanc de ce village de Bourg Fidèle, sept tonnes de déchets militaire d’uranium nucléaire appauvri pour leur dissolution dans le cadre de recyclage de plomb de batteries automobiles).
Certaines mauvaises langues ont même cité les anciennes mines de Saint Félix de Pallières pour leurs enfouissements.
Ces mêmes média ont répété à l’envie que le projet allait permettre de résorber le stock de déchets. Cependant cet incinérateur traitera les stocks de déchets qui vont grossir tant que fonctionnera l’usine. Mais jusqu’à quand ?
Certains caressaient l’espoir d’une sortie progressive du nucléaire si la charge diminuait. Avec cet signature, les habitants de la région de l’Aude ont compris que cet incinérateur crachera ses fumées radioactives pendant plusieurs dizaines d’années. D’où cette grande mobilisation dominicale à 16h à la porte Narbonnaise de la cité Médiévale de Carcassonne ce dimanche.
Le combat continu
Les antinucléaires sont dans le combat de ce projet, aux côtés d’autres associations depuis qu’a été révélée son ampleur. L’autorisation préfectorale, malgré la mobilisation populaire ne les étonne qu’à moitié et loin de les décourager renforce leur combativité.
L’association locale a malheureusement fait le constat que nombre d’élus qui avaient apporté leur soutien au début à cette lutte sont rentrés dans le rang, le doigt sur la couture du pantalon. Certains élus trouvent dans cet arrêté des avancées, une décision équilibrée. Des avancées certaines, mais tellement infimes par rapport aux vrais problèmes de fond posés par ce dossier pourri.
De nombreux risques à très faibles doses
Si dans ce dossier mortifère, on demande de diminuer les émissions de composés organiques volatils (COV), il est bon de préciser que les phtalates, perturbateurs endocriniens connus qui vont être présents dans les fumées en grande quantité, ne sont pas exempts de risques à très faibles doses.
Principe de précaution inexistant
Alors ou est le principe de précaution ? Quid pour la population locale, mais également pour toute la nourriture produite localement qui se trouvera disséminée aux 4 coins de l’Europe grâce à la formidable poussée économique de cette nouvelle région Occitanie appuyé par l’organisation Sud de France. De qui se moque t on ?
Autre promesse préfectorale : la transparence. Mais que vaut cette promesse si des données de l’arrêté lui-même portent la mention « annexe confidentielle, non communicable »
Oui décidément, l’industrie nucléaire tue l’avenir, mais également sous peu les concitoyens locaux … avec la passivité complice de certains élus.
* Troisième actualité nucléaire
Un nuage radioactif est passé au dessus de la France à la suite d’un accident nucléaire en Russie.
Repéré fin septembre, ce nuage témoignerait d’un accident nucléaire survenu en Russie ou au Kazakhstan. Il n’y aurait “pas de risque identifié pour la population en France”. (surement comme Tchernobyl)
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