Education : Un climat scolaire tendu
L’insécurité dans les écoles est un problème national qui n’épargne malheureusement pas Montpellier. Alors cantonné à la rue, le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur dans les établissements scolaires, et cela dès la maternelle. Les agressions se banalisent, relayées par les réseaux sociaux et médias.
Une enquête montre le climat dans l’éducation nationale
Selon une enquête, un directeur d’établissement scolaire sur deux a été insulté au moins une fois et un directeur sur quatre est harcelé. Des chiffres désastreux relayés par de nombreux journaux, mais l’état et l’éducation nationale ne font rien car ils semblent dépassés.
Les insultes deviennent des injonctions paradoxales d’ordre institutionnel
Plus de sept sur dix souffrent d’«injonctions paradoxales d’ordre institutionnel». Les équipes enseignantes font les frais d’une baisse, voire d’un manque de respect généralisé envers l’autorité. La place du professeur n’est plus reconnue, ni par les élèves ni par leurs parents.
L’éducation nationale brille par son absence de soutien
D’autres parts, l’Education Nationale brille par son absence de soutien, mise en lumière par le mouvement #pasdevague sur Twitter. Les problèmes rencontrés par l’équipe enseignante ne sont que trop rarement pris en compte par la direction et les consignes sont de ne pas faire redoubler les élèves ou de ne pas les exclure.
Le #PasDeVague est une expression trop souvent entendue par les professeurs. Ce hastag #, signe musical utilisé pour augmenter une note leur appartient maintenant pour évoquer l’abandon de la hiérarchie lors de problèmes rencontrés avec certains élèves, parents et la hiérarchie elle-même (CDE, Rectorat, IPR).
Tout cela donne aux parents d’élèves et leurs enfants un sentiment d’impunité et de toute puissance face à l’Education Nationale.
Il s’agit désormais de restaurer l’autorité des enseignants, avec le soutien sans faille de leur hiérarchie et de ne tolérer aucun comportement déplacé.
Parce que l’école est un lieu de vie important pour les enfants et un lieu de travail pour leurs enseignants, la question de la qualité de vie (QDV) à l’école est un sujet majeur devant être pris en compte dans les politiques publiques en matière d’éducation nationale.
Reconnaissance du harcèlement dans l’éducation
Témoignage d’un professeur après le suicide d’un instituteur
Témoignage d’un prof après le suicide de Jean Willot, un instituteur de 57 ans qui faisait l’objet d’une plainte pour violences aggravées à l’encontre d’un élève de 6 ans.
« J’y ai eu droit, dans une moindre mesure (les choses se sont uniquement déroulées en “interne” mais auraient pu avoir les mêmes conséquences). Voilà plus de 10 ans : “il injurie et humilie ses élèves” (ce qui était évidemment faux, mais il est si facile de “monter un dossier” dans un système démagogique où un “apprenant” rappelé à l’ordre parce qu’il n’a pas ses affaires peut se prétendre “agressé”).
Cela a tourné en harcèlement moral au travail pendant deux années consécutives, au cours desquelles l’équipe de direction alimentait mon dossier administratif de rapports à charge sur la base de bruits de couloirs et de dires d’élèves. Sans oublier l’atmosphère dégradée en classe, avec des éléments qui, se sentant couverts, se croyaient tout permis. L’enfer.
Les collègues ne voulaient rien savoir et faisaient l’autruche. Les syndicats ne m’ont guère apporté de soutien, certains se bornant à suivre l’avis administratif sans aucun recul critique, alors que leur rôle aurait dû être de démonter l’accusation point par point.
D’autres à me balader par un double discours (“on t’accompagne”, mais il n’y avait rien de concret, et notamment pas la moindre production d’un courrier intersyndical de défense que j’aurais pu joindre à mon dossier) ; d’autres enfin à m’opposer faussement “on ne s’occupe pas des affaires personnelles” sans oublier de suggérer qu’ils pouvaient influer sur ma carrière par le bais de leur représentants dans les commissions paritaires si je n’adoptais pas la loi du silence.
J’ai dû me battre seul. Le harcèlement (en tout cas pour le plus gros) a cessé, comme souvent dans ces cas-là, avec le départ de plusieurs de mes agresseurs dont l’un maîtrisait parfaitement la manipulation perverse.
Chose rare, après plusieurs années de lutte, et malgré l’absence de soutien syndical aggravée par la rhétorique du déni cultivée par des gens que je côtoyais tous les jours, j’ai fini par obtenir des autorités académiques la reconnaissance du harcèlement et le retrait des rapports diffamatoires.
Il faut dire que j’étais bien décidé à poursuivre tout ce petit monde au pénal si la situation n’était pas rétablie et que, dans le fond, mes accusateurs savaient très bien que leur version ne tenait pas la route.
La question même des caractéristiques et des déterminants de la qualité de vie à l’école intègre donc naturellement toute la communauté éducative et au premier chef les élèves et leurs enseignants. »
L’Etat est tenu de protéger les fonctionnaires
Pourtant, selon la loi, l’Etat est tenu de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes. Comment l’Education nationale gère-t-elle ces cas sensibles alors que de plus en plus de parents portent plainte contre les profs, parfois pour de fausses raisons ?
Aussi, dans un contexte professionnel basé sur la relation pédagogique, il semble aller de soi qu’étudier la qualité de vie des élèves nécessite également de prendre en compte celle des enseignants.
Pourtant ce lien n’est pas effectué de manière aussi évidente, en témoigne la recherche d’articles effectuée dans les bases de données nationales et internationales : la majorité des études se centrent uniquement sur les élèves.
L’une des raisons tient peut être à la diversité des termes utilisés pour qualifier cette notion même de qualité de vie. En effet, elle est souvent assimilée à d’autres notions plus intégratives, comme le climat scolaire, la santé ou encore le burn out chez les enseignants et à celle de bien-être, ou de satisfaction de vie voire de réussite scolaire chez les élèves.
Sources d’inspiration, #pasdevague, cnesco
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