Aujourd’hui, lundi 16 Septembre 2019, a eu lieu à Paris une manifestation contre le projet de réforme des retraites. Réunis en collectif, des infirmiers, des docteurs, des kinésithérapeutes, des pilotes de ligne, des hôtesses de l’air se retrouvent derrière les avocats à l’origine de cette manifestation parisienne. Tous veulent défendre leurs projets autonomes et se retrouvent contre le projet de réforme des retraites préconisé par le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye.
Retraites :160 barreaux d’avocats sur 164 dans la rue
160 barreaux sur 164 se mobilisent massivement contre la #ReformeRetraites et participent à la manifestation interprofessionnelle sur Paris
Interview de Me Rémy Levy, bâtonnier des avocats de Montpellier
Maitre Rémy Levy, le bâtonnier des avocats de Montpellier a répondu à quelques uns de nos questions sur ce projet de réforme des retraites entrainant la manifestation nationale des barreaux de France à Paris.
« Il s’agit d’une manifestation nationale historique pour défendre notre profession.» a également déclaré du TGV, le bâtonnier sur son compte Twitter après notre interview.
Avant 7 h du matin, de nombreux avocats du barreau de Montpellier se sont retrouvés tôt au départ de la Gare Saint Roch de Montpellier pour prendre un TGV les emmenant au centre de la capitale, afin de manifester contre ce projet de réforme des retraites.
Retraites : Les avocats de Montpellier dans les rues de Paris
Ces avocats Montpelliérains avec à leur tête leur bâtonnier, vont rejoindre ce midi au pied de l’Opéra Garnier à Paris, leurs confrères de Bézier, de Nîmes, comme de nombreuses autres villes de France et de Navarre, pour défiler en compagnie d’une dizaine d’autres professions libérales, afin de protester contre l’intégration de leur régime autonome à un système universel à points prôné par le Président de la République Emmanuel Macron.
À Paris, 160 barreaux sur 164 vont battre le pavé de l’Opéra à la place de la Nation, dès 13 heures. Selon eux, les pertes seront bien supérieures aux gains générés par une telle réforme, les cotisations vont passer de 14 % à 28 % et provoqueront un abaissement du niveau de vie des avocats, et de ce fait amènera une paupérisation de leur métier. Du jamais vu dans la profession depuis 1941.
Réforme des retraites : un projet controversé
Pourquoi une telle grogne contre ce projet de reforme des retraites? Si le projet de réforme Delevoye prévoit de fusionner et de supprimer les 42 régimes spéciaux et de fusionner notamment les caisses de retraites, il faut savoir que la plupart des ces professions libérales ont des caisses de retraites autonomes et cotisent à part.
Leurs cotisations risquent du coup d’augmenter avec cette réforme des retraites préconisé par le projet Delevoye et surtout ils ont le sentiment qu’ils vont cotiser, qu’ils vont combler le manque à gagner du coté déficitaire de la caisse générale. C’est pour cette raison que toutes ces professions se mobilisent aujourd’hui.
Doublement des cotisations retraites dans le viseur
Si certains lecteurs pensent que les avocats de manière générale sont des nantis, ils se trompent, car tous ne sont pas grassement rémunérés et ne font pas partis de grands cabinets nationaux, voire internationaux, comme l’image d’Epinal en provenance d’Hollywood que l’on peut voir dans les blockbusters californiens. Loin s’en faut.
Il faut savoir avant tout que cette profession particulière d’avocat n’est pas un régime spécial, mais un régime autonome, qui ne coûte pas un centime d’euro à l’État. Alors pourquoi une telle réforme générale dans les caisses de retraites risquant de mettre à mal plusieurs professions dont celles des avocats ? Le nerf de la guerre, tout simplement l’argent que l’exécutif du président Macron cherche à acquérir.
Deux milliards d’euros concernant les avocats [à l’instant T] font loucher Bercy pour combler les trous du régime général en expliquant en demi mot que cette somme doit tomber dans le pot commun. (A savoir que ces deux milliards d’euros sont des provisions (et non un trésor de guerre) car soumis à des lois de la sécurité sociale qui impose à cette caisse d’avoir des provisions NDLR)
« Le revenu médian annuel des avocats est de 44.000 euros, [un peu en dessous de 4.000 euros bruts] » précise Maitre Rémy Levy, « et de ce fait cela va entrainer à terme une disparition de nombreux cabinets qui ne pourront pas supporter ces cotisations, et à fortiori devront mettre la clef sous la porte ».
Retraites … vous avez dit précarisation ?
Effectivement, un tiers des cabinet fermeront si l’on écoute les projections de Conseil National des Barreaux comme également l’union des jeunes avocats de France. Il est clair qu’avec un projet de réforme juste pensé à court terme, le risque de l’embauche au sein des cabinets se trouvera forcément bloquée et nombre d’assistants, secrétaires et comptables indépendants viendra grossir les flancs du chômage issus de cette profession.
Il est facile de comprendre que cette réforme des retraites risque de mettre à mal ce métier d’avocat. De vouloir homogénéiser plusieurs professions qui sont à la base très différentes, qui de plus, ont respectivement leurs logiques personnelles, montre encore une fois le manque de sérieux et de concertation de la part de ces politiciens qui confondent vitesse et précipitation, ne pensant qu’avec des objectifs à court terme sans se soucier du lendemain et des conséquences qui pourraient en découler.
Alors que l’ancien sytème fonctionnait, pourquoi vouloir changer de manière drastique sans vouloir ajuster au cas par cas ces réformes pour en faire un système plus équitable avec une plus grande égalité des chances, en dégommant par exemple ces sempiternelles primes à charbon et autres régimes spéciaux venus d’un autre âge et d’une autre époque?
D’aucuns disent que lorsque l’on met à mal la profession d’avocat, on risque de mettre à mal tout d’abord la justice.
Ont ils raison ou non? Nous vous laissons juge … (et ne répondrons qu’en présence de notre avocate… forcément …)
Le leurre du pouvoir d’achat et de la diminution des impôts
Une évidence reste certaine. Le justiciable qui n’oublions pas est également le contribuable, risque d’en payer les frais sous peu. Car généralement, une réforme gouvernementale, quelque soit la couleur politique au pouvoir, n’a jamais franchement apporté une amélioration sur le pouvoir d’achat des français ou une diminution des impôts.
Cela se saurait …
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