La notion selon laquelle les mandats de vaccination et les mesures connexes visant à contraindre à la vaccination sont le produit de l’influence des “Big Pharma” sur les gouvernements est un lieu commun parmi les détracteurs de ces mesures.
Pfizer/BioNTech : un monopole des vaccins mondiaux
De plus, le vaccin Pfizer allant d’un succès réglementaire à l’autre et dominant de plus en plus le marché du vaccin Covid-19 tant aux Etats-Unis qu’en Europe continentale (sans parler d’Israël, dont la campagne de vaccination a consisté presque exclusivement en Pfizer), il est clair que ce que l’on entend réellement aujourd’hui par “Big Pharma” doit être Pfizer et Pfizer seulement.
À la suite de la couverture médiatique négative d’effets indésirables (en particulier la thrombose) et, dans certains cas, de l’intervention réglementaire des agences nationales de surveillance, les deux autres alternatives réelles de “Big Pharma”, AstraZeneca dans l’UE et Johnson & Johnson dans l’UE et aux États-Unis, ont été reléguées au rang de petits joueurs en dehors du Royaume-Uni.
Il semblerait qu’à l’Ouest du moins, nous nous dirigeons vers un monopole virtuel de Pfizer sur le vaccin Covid-19. Même le vaccin Covid de Moderna – une société qui, comme on le sait, n’avait jamais mis de médicament sur le marché auparavant et que l’on peut donc difficilement qualifier de “Big Pharma” – fait de plus en plus l’objet d’un examen minutieux car il provoque des myocardites chez les jeunes hommes et son utilisation est limitée aux personnes de plus de 30 ans dans toute une série de pays européens.
Pfizer, en revanche, n’a pas été touchée. Et ce, même si la myocardite est un effet indésirable largement rapporté et officiellement reconnu des deux vaccins à ARNm, Moderna et Pfizer, même si une analyse statistique récente du CDC, en tout cas, n’a trouvé aucune “différence significative” dans les myocardites rapportées entre les deux vaccins pour les hommes de 18 à 25 ans, et même s’il est prouvé que Moderna fournit une protection plus durable (l’efficacité du vaccin étant même deux fois supérieure à celle de Pfizer six mois après, selon cette étude récente [p. 11]).
Big Pharma est-il BioNTech avec le vaccin Pfizer ?
Quelle plus grande preuve du pouvoir démesuré de “Big Pharma” – c’est-à-dire de Pfizer – pourrait-on trouver ? Mais si Pfizer ne dominait pas le monde il y a deux ans, comment en est-il arrivé à le dominer aujourd’hui ?
De plus, comme beaucoup d’Américains ne l’ont découvert que lorsque la FDA a approuvé le vaccin “Pfizer” non pas à Pfizer, après tout, mais à BioNTech Manufacturing GmbH de Mayence, en Allemagne, le véritable développeur du vaccin dit “Pfizer” est précisément le partenaire allemand de Pfizer, BioNTech.
Cela est déjà évident d’après le nom de code du vaccin : BNT162b2. Inutile de préciser que “BNT” n’est pas synonyme de Pfizer. De même, l’accord de partenariat entre les deux entreprises indique clairement que le BNT162b2 est le vaccin de BioNTech. Ainsi, outre les recettes directes qu’elle tire des ventes du vaccin, BioNTech reçoit de Pfizer des “redevances à deux chiffres” sur les ventes du vaccin dans les territoires assignés à Pfizer.
Ces paiements s’ajoutent à “120 millions de dollars de paiements initiaux, d’équité et de recherche à court terme et jusqu’à 305 millions de dollars supplémentaires en paiements d’étapes potentielles de développement, réglementaires et commerciales”. (Voir le communiqué de presse de BioNTech ici.) BioNTech a d’ailleurs conclu un accord similaire avec Fosun Pharma pour la commercialisation de son vaccin en Chine
Avant la pandémie, BioNTech était dans le rouge
Or, loin d’être une “Big Pharma”, avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19, BioNTech était encore, dans les faits, une petite start-up en difficulté qui, comme Moderna, n’avait pas encore mis de produit sur le marché. Le propre rapport annuel 2019 de BioNTech déposé auprès de la SEC décrit l’entreprise comme suit : “Nous sommes une société biopharmaceutique au stade clinique qui n’a aucun produit pharmaceutique approuvé pour la vente commerciale.”
Le dépôt continue franchement, “Nous avons subi des pertes importantes depuis notre création et nous prévoyons que nous continuerons à subir des pertes importantes dans un avenir prévisible….”. Ainsi, au 2e trimestre 2020, BioNTech n’avait que 41,8 millions d’euros de revenus (hors produits) et des pertes plus de deux fois supérieures (88,3 millions d’euros). Mais un an plus tard, au 2e trimestre 2021, grâce à son vaccin Covid-19, ses revenus ont explosé pour atteindre 5,31 milliards d’euros – soit une multiplication par plus de 100 ! – dont plus des trois quarts (4 milliards d’euros) sont des bénéfices.
Pfizer/BioNTech : Progression de 0 à 100 en un an
Comme l’a déclaré à Reuters l’économiste Carsten Brzeski de la banque néerlandaise ING, BioNTech est passée “de 0 à 100 en un an seulement”. Les résultats du 3e trimestre récemment annoncés par BioNTech montrent des revenus estimés à plus de 6 milliards d’euros et des bénéfices bruts de près de 4,7 milliards d’euros.
L’histoire de la façon dont BioNTech est passée de zéro à un héros est une pure histoire d’interventionnisme et de subventions gouvernementales. En effet, le gouvernement allemand a soutenu la fondation même de BioNTech. C’est donc en fait le gouvernement allemand qui a identifié la biotechnologie comme un secteur de croissance important et potentiel et qui, en 2005, a lancé un programme de financement dont le but explicite était de promouvoir les start-ups de biotechnologie basées sur la recherche universitaire : la Gründungsoffensive Biotechnologie – en gros, l'”Offensive de démarrage de la biotechnologie” – ou “Go-Bio” en abrégé.
L’idée, comme expliqué ici (lien en allemand), est de fournir jusqu’à deux séries de soutien : une première subvention à une équipe de recherche avec un projet commercialement prometteur, puis, à supposer que l’équipe de recherche réussisse à fonder une entreprise basée sur sa recherche, une deuxième subvention à la start-up.
BioNTech est l’une des entreprises qui ont vu le jour sous l’égide du programme Go-Bio. En 2007, Go-Bio a d’abord accordé une subvention de “phase I” de 1,2 million d’euros pour soutenir les recherches du fondateur de BioNTech, Ugur Sahin, à l’université de Mayence, sur le développement de traitements anticancéreux à base d’ARNm, puis a poursuivi avec une subvention de près de 3 millions d’euros de “phase II de Go-Bio” à la société BioNTech RNA Pharmaceuticals GmbH nouvellement fondée en 2010. (Pour les détails, en allemand, voir ici).
Soutien financier public pour BioNTech
Dans les années qui ont suivi, BioNTech a continué à bénéficier d’un soutien public : à la fois de la part du gouvernement du Land de Rhénanie-Palatinat, dont Mayence est la capitale, et en tant que membre principal d’un “cluster” d’entreprises et d’établissements de recherche de la région de Mayence qui, de 2012 à 2017, a reçu 40 millions d’euros de soutien (lien en allemand) du ministère fédéral allemand de l’éducation et de la recherche. Le cluster est nommé Cluster for Individualized Immune Intervention ou “Ci3”. Les présidents de Ci3 sont la femme de Sahin et le directeur médical de BioNTech, Özlem Türeci, et le cofondateur de BioNTech, Christoph Huber.
Mais le flux de la manne publique vers BioNTech a ensuite augmenté massivement l’année dernière, lorsque l’apparition de la pandémie de Covid a fourni à la société l’occasion de pivoter de ses efforts jusqu’alors infructueux pour développer des traitements anticancéreux à base d’ARNm vers le développement d’un vaccin à base d’ARNm contre le Covid-19.
Selon cette chronologie publiée par le radiodiffuseur public allemand SWR, BioNTech avait déjà contacté l’organisme public allemand de réglementation des vaccins, l’Institut Paul Ehrlich, au sujet de ses projets de développement d’un vaccin contre le Covid-19 en février 2020 – à un moment où des rapports épars sur des infections locales au Covid-19 commençaient à apparaître en Europe et avant même que l’OMS ne déclare l’existence d’une pandémie !
En avril, les essais cliniques étaient déjà en cours ! (Voir le registre des essais cliniques de l’UE ici.) Le 15 septembre, le gouvernement allemand a annoncé qu’il accordait à BioNTech 375 millions d’euros de subventions (lien en allemand) pour soutenir son vaccin Covid-19. La Banque européenne d’investissement avait déjà apporté une contribution de 100 millions d’euros sous forme de financement par emprunt. Le financement allemand n’a pas à être remboursé.
Mais avec un taux moyen global d’imposition des sociétés d’environ 30 % en Allemagne et un taux fédéral effectif de près de 16 %, le gouvernement allemand prévoit un bon retour sur investissement. D’après les projections actuelles de la société, BioNTech devrait réaliser 16 à 17 milliards d’euros de recettes pour le vaccin Covid-19 en 2021.
Dès l’annonce des résultats du 2e trimestre de BioNTech, l’économiste allemand Sebastian Dullien a calculé que les recettes de BioNTech représenteront à elles seules environ 0,5 % du PIB allemand et contribueront donc à une croissance de 0,5 % du PIB allemand – puisque BioNTech ne contribuait pratiquement pas au PIB allemand auparavant ! BioNTech représenterait donc à lui seul environ 1/8 de la croissance du PIB allemand prévue pour 2021.
Ces calculs étaient toutefois fondés sur des prévisions de revenus légèrement inférieures et une croissance du PIB prévue nettement plus élevée. Sur la base des prévisions actuelles de 2,4 % de croissance allemande, BioNTech représenterait à elle seule plus de 1/5 de la croissance allemande. En outre, selon ses récents derniers états financiers, la facture fiscale de l’entreprise pour 2021 s’élève à ce jour à plus de 3 milliards d’euros.
BioNTech la norme mondial du vaccin Covid-19
Malgré tous les discours sur le pouvoir des grandes entreprises pharmaceutiques, le vaccin Covid-19 qui est en train de devenir la norme dans le monde occidental a un sponsor étatique bien plus puissant, et ce sponsor étatique est l’Allemagne. Cela soulève des questions particulièrement évidentes et épineuses pour l’Union européenne, où les contrats de vaccination pour les 27 États membres ont été négociés par une Commission européenne dirigée par l’ancienne ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen.
(La Commission était assistée par une “équipe de négociation conjointe” représentant sept États membres, dont l’Allemagne [voir la rubrique “Négociations sur les vaccins”] ; autrement dit, l’Allemagne participait en fait aux négociations avec son propre protégé. Il n’est peut-être pas surprenant que le plus gros volume de doses ait été commandé à nul autre que BioNTech/Pfizer [voir ici la rubrique ” Quels ont été les résultats…” ici ].
Mais l’Allemagne étant en mesure d’amplifier son pouvoir et de le projeter à l’échelle mondiale précisément par le biais de l’Union européenne, le parrainage allemand du vaccin BioNTech / “Pfizer” soulève également de nombreuses questions pour le monde entier.
Le dessous de l’histoire BioNTech :
Y a t-il au final un conflit d’intérêt ? On comprend mieux la réticence d’Ursula von der Leyen à exposer maintenant les sms de négociations avec le laboratoire BioNTech. Le monopole des vaccins contre le Covid-19 peut-il rester dans les mains de Pfizer/BioNTech et de l’Allemagne ?
Article original de Robert Kogon
Traduction par l’équipe de Tv Languedoc
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