Disparition de Mohamed Ali : légende du XX siècle
Mohamed Ali, de son premier nom Cassius Clay, trois fois champion du monde poids lourd de boxe, une légende de la boxe qui a aidé à définir ses temps troublés de l’époque, une des figures du sport la plus charismatique et la plus controversée du 20e siècle, est mort vendredi dans un hôpital de Phoenix-région. Il était âgé de 74 ans.
De Classius Clay à Mohamed Ali
Cassius Marcellus Clay Junior, né le 17 janvier 1942, devenu Mohamed Ali (ou en américain Muhammad Ali), est un boxeur américain évoluant en catégorie poids lourd. Il fut nommé sportif du XXe siècle par une assemblée de journalistes internationaux, arrivant devant le footballeur brésilien Pelé. Il a acquis la célébrité mondiale autant par ses performances de sportif que par son verbe haut, sa conduite extra-sportive et son activisme politique. Il est atteint de la maladie de Parkinson.
Entre les deux matchs, il devint également célèbre pour des raisons dépassant le domaine sportif : il rejoint la Nation de l’Islam et change son nom en Cassius X, en hommage à son mentor et ami Malcolm X qui fut aussi le seul musulman à le soutenir avant son premier combat contre Liston (Malcolm X a d’ailleurs assisté au premier combat) puis il reçoit le nom de « Muhammad Ali » de la part d’Elijah Muhammad chef du mouvement. Une lutte de pouvoir s’engagera autour d’Ali entre Elijah et Malcolm X. Finalement Ali tournera le dos publiquement à Malcolm lors d’un voyage au Nigeria en 1964 et sera managé par Herbert Muhammad, le propre fils d’Elijah. La notoriété du boxeur profitera à la Nation d’Islam. Ali se rendra en Égypte en 1964 et sera accueilli par Gamal Abdel Nasser comme l’ambassadeur de la communauté noire aux États-Unis.
Par la suite, Ali regrettera de s’être séparé de Malcolm X (assassiné en 1965) et prendra ses distances avec la Nation d’Islam.
Mohamed Ali : Opposé à la guerre du Vietnam
Refus d’incorporation
En 1966, il refuse de servir dans l’armée américaine engagée dans la Guerre du Viêt Nam et devient objecteur de conscience, argumentant qu’il n’a « rien contre le Viet-Cong » et qu’« aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de nègre ». (Dans le film qui lui rend hommage, avec l’acteur Will Smith, la traduction française est: “…aucun Viet-Cong ne m’a jamais traité de sale nègre.”)
Le 28 avril 1967, il refuse symboliquement l’incorporation dans un centre de recrutement. Le 8 mai, il passe en justice. Le 20 juin, il est condamné à une amende de 10 000 dollars et à 5 ans d’emprisonnement, il perd sa licence de boxe et son titre. Ali fait appel et n’ira pas en prison, mais aura des problèmes financiers jusqu’à ce que son affaire soit résolue par la Cour suprême en 1971.
Les prises de position d’Ali contre le service militaire ou sa conversion à l’islam le transforment d’un champion fier, mais populaire en l’une des personnalités les plus connues et controversées de son époque. Ses apparitions publiques aux côtés des leaders de la Nation de l’Islam Elijah Muhammad et de Malcolm X ainsi que ses déclarations d’allégeance à leur cause au moment où l’opinion américaine les considère avec circonspection, quand ce n’est pas avec franche hostilité, font également d’Ali une cible d’indignation et de suspicion. Il paraît même parfois provoquer de telles réactions en soutenant des opinions allant du support aux droits civiques jusqu’au soutien sans réserve à la lutte contre la ségrégation raciale.
« Pourquoi devraient-ils me demander de mettre un uniforme et d’aller à 10.000 miles de ma maison pour déposer des bombes et tirer des balles sur des gens foncés au Vietnam alors que l’on appelle les gens de couleurs des nègres à Louisville, et sont traités comme des chiens et privés de leurs simples droits humains … ?
Non, je ne vais pas à 10.000 miles de la maison pour aider à assassiner et brûler une autre nation pauvre tout simplement pour continuer la domination des maîtres d’esclaves blancs du peuple les plus sombres du monde entier. Ceci est le jour où ces maux doivent arriver à une fin. On m’a averti que de prendre une telle position me coûterait des millions de dollars. Mais je l’ai dit une fois et je vais le dire de nouveau. Le véritable ennemi de mon peuple est ici.Je ne vais pas déshonorer ma religion, mon peuple ou moi-même en devenant un outil pour asservir ceux qui se battent pour leur propre justice, la liberté et l’égalité …. Si je pensais que la guerre allait apporter la liberté et de l’égalité à 22 millions de mon peuple, ils auraient pas à me préparer, je les rejoins demain. Je n’ai rien à perdre en défendant mes convictions. Alors je vais aller en prison, alors quoi ? Nous avons été en prison pour 400 ans. »
Vole comme un papillon, pique comme l’abeille …
« Vole comme un papillon, pique comme l’abeille, Cassius Clay inaugure sa devise le 25 février 1964, quand il remporte son premier titre de champion du monde.
Cassius Clay devient Mohamed Ali
Après sa victoire contre Liston, Cassius Clay décide de changer de nom et se fait appeler Cassius X en l’honneur du leader des « Black Muslims », Malcolm X. Un mois plus tard, il se convertit à l’Islam et prend le nom de Muhammad Ali le 6 mars 1964.
Refus de partir au Vietnam
Alors qu’il devrait être recruté par l’armée pour partir combattre au Vietnam, Mohamed Ali refuse et se déclare objecteur de conscience. Il échappe à la prison mais est interdit de ring, vilipendé par une majorité de l’opinion publique américaine et tenu par d’autres comme un pilier de la contre-culture et un champion de la cause des noirs qui se battent alors pour l’égalité des droits. « Je n’ai pas de problème avec les Vietcongs », déclare Mohamed Ali le 17 février 1966.
Son dernier combat contre Parkinson
Après un combat de 32 ans contre la maladie de Parkinson, il a perdu ce vendredi soir 3 juin 2016, son dernier combat mais n’aura jamais jeté les gants contre cette maladie invalidante. Il a mené avec ses poings, son charisme fou et son verbe acéré, une hallucinante carrière d’un demi-siècle ou être noir dans les années 60 et 70 n’était pas chose facile. Mais est ce plus facile de nos jours aux Etats Unis ? Ce poids lourd au pas léger, ce boxeur pacifiste, un immense champion attaché à l’égalité des droits aura laissé sa trace dans le 20 ème siècle, plus qu’un boxeur, un symbole générationnel nous quitte.
« Dieu m’a donné la maladie de Parkinson pour me montrer que je n’étais qu’un homme comme les autres, que j’avais des faiblesses, comme tout le monde. C’est tout ce que je suis: un homme » – Au cours d’une interview en 1987 sur sa maladie de Parkinson.
Plus qu’un boxeur, un symbole générationnel nous quitte
Repose en paix … pour le plus grand de tous les temps, notre frère et ami Muhammad Ali. Un homme de caractère, de foi, de dignité, d’humanité et de professionnalisme dans votre métier, vous incarne le meilleur de nous en tant qu’êtres humains. Votre présence va manquer au monde, mais nous allons célébrer votre esprit pour toujours.
Quincy Jones
Souvenirs d’un géant
Ali était encore connu sous le nom de Cassius Clay quand cette photo a été prise. Il y a quelque chose de gamin sur ses efforts pour impressionner son auditoire. J’aime la façon dont l’une des femmes, Ronnie Spector chanteuse américaine qui fut leader du groupe féminin The Ronettes semble insensible à ses bravades. (C’était également l’épouse de Phil Spector) .
Et de savoir que le gars tout mince dans son smoking blanc, qui est ni intimidé ni éclipsé par Clay, est un certain Stevie Wonder. Photo: Redferns
La juxtaposition entre ces deux illustres personnage est grande. Bien que penché pour être à sa hauteur pour lui enseigner la boxe, Ali rapetisse encore le comédien et chanteur Sammy Davis Jr. Le genre de photo qui atteste le caractère et le charme d’Ali en dehors du ring. Photo: Bettmann / CORBIS
L’une des couvertures de magazine les plus célèbres de tous les temps. Conçu par le directeur artistique George Lois qui voulait faire référence à Saint-Sébastien, le cliché de Carl Fischer pour Esquire a marqué son époque.
L’anecdote de cette photo : Coller les flèches sur le corps d’Ali a été un cauchemar, car les flèches devaient être enfilées à l’aide d’un fil de pêche, car elles ne cessaient de tomber. Photo: Carl Fischer / Esquire
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