Une idéologie transpartisane aux contours flous et aux motivations suspectes
Les classes pauvre et moyenne ne sont plus dupes des motivations qui se cachent derrière les invocations au « progrès » lancées par des idéologues éloignés des préoccupations de l’homme de la rue.
Une idéologie courtisée par des amants concurrents
La notion de « progrès » est largement ébranlée et démonétisée depuis l’effondrement du communisme. Cependant, le « progressisme » continue de faire belle carrière. Comment expliquer ce paradoxe ? Car malgré tous les démentis de la réalité, une frange non négligeable de la classe politique se réclame encore du « progrès » avec une bonne conscience et une fierté qui devraient éveiller notre défiance – frange qui va du macronisme à la France Insoumise en passant par l’écologisme de gauche et le PS. Ce large spectre politique interroge : pourquoi tant de courants, parfois opposés frontalement, se réclament-ils du « Progrès » ?
Un alibi imparable pour le conformisme
En fait, cette notion ambiguë sert de paravent aux classes aisées pour camoufler leurs privilèges. Un couple bobo pourra habiter dans l’hyper-centre d’une mégapole aux loyers inaccessibles aux classes populaires, et cela en toute bonne conscience. Le secret de l’absence de remise en question de ce privilège de sa part ? Tout simplement le « progressisme » sociétal revendiqué par ce couple qui « pense bien » au sujet des minorités ethniques et sexuelles, c’est-à-dire conformément à la doxa du politiquement correct – conviction qui n’engage à rien sur le plan concret mais qui l’exonère opportunément de toute autocritique.
La chance de pouvoir se loger à Paris s’achète financièrement avec un salaire élevé et mentalement avec une opinion progressiste. Le vote pour l’écologie politique donne accès au droit de payer un loyer exorbitant et de reléguer simultanément dans les lointaines banlieues les revenus moyens. C’est ainsi que le progressisme autorise toutes les discriminations par l’argent. Quant aux minorités ethniques dont le « progressiste » vante à tout propos la présence en France, généralement celui-ci fera tout pour les éviter dans la vraie vie : il lui suffira de les soutenir dans une profession de foi politique pour être quitte de tout autre engagement en leur faveur.
Un passe-droit pour les gagnants de la mondialisation
Le progressisme verse de la sorte du baume sur les consciences tiraillées des classes privilégiées. Cette notion joue en ce début du 21 ième siècle le rôle du culte de Voltaire au 19 ième en France. Une partie de la bourgeoisie était alors voltairienne pour occulter les intérêts sordides qui constituaient la motivation souterraine de sa politique. Que l’on pense par exemple au personnage du pharmacien Homais dans le roman de Flaubert « Madame Bovary ». Favorable à une sexualité médicalisée et pour un contrôle total de la vie sous toutes ses formes, ce personnage, anticlérical et favorable en parole aux principes de 1789, se révèle être un défenseur redoutable de ses intérêts particuliers. Pareillement, de nos jours, le progressisme est un passe-droit pour les gagnants de la mondialisation « heureuse ».
Un brevet de bien-pensance utile pour contrer ses adversaires
Le progressisme ouvre les portes des médias et permet dans le même mouvement de dénoncer les déviants qui osent se mettre en travers de la route des ambitions. Du haut de son magistère « progressiste », un homme politique est en mesure d’anathématiser son concurrent, de pourfendre son rival, de brûler en place publique médiatique l’hérétique assez téméraire pour l’avoir repris sur un point précis de son programme. Le progressisme excuse tout, permet tout, ouvre toutes les portes, passe l’éponge sur tout. C’est un brevet de bienfaisance, une légion d’honneur, un passeport de respectabilité. Et qu’importe ce que ce terme recouvre au juste comme réalité, l’essentiel est dans le mot, comme dans les invocations du chamanisme ! Il suffit de dire pour faire !
Les classes paupérisées ne sont pas dupes
Devant ce tour de passe-passe digne de Cagliostro, les classes moyennes et paupérisées commencent à se cabrer. De moins en moins dupes, elles prennent conscience qu’elles sont majoritaires en France. Elles comprennent que la soupe qu’on leur sert n’est qu’un habillage pour cacher la grande vulnérabilité des idéologues qui tentent de se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas : des bienfaiteurs de l’humanité.
Jusqu’à quand la majorité silencieuse va-t-elle continuer à faire semblant de croire les balivernes que les bateleurs médiatiques lui servent comme des « progrès » et dont elle n’est plus dupe ? Surtout, ce sursaut trouvera-t-il un relais politique pour le porter sur la place publique et le structurer de façon à ce qu’il ne dégénère pas en abstention, en résignation et au final en fuite en avant ?
Jean-Michel Castaing
Source photographique : Eberhard Grossgasteiger
Retrouvez la tribune de Jean-Michel Castaing sur Tv Languedoc ainsi que ses autres articles, ses livres et recueils
Cet article vous a plu?
Il a pourtant un coût : 50 € en moyenne. Il faut compter 100 € pour un portrait,
500 € pour une infographie, 800 € pour une vidéo.
Nous dépendons de nos lecteurs, soutenez-nous !
Et si vous avez choisi de refuser les cookies, c’est pas cool pour nos pubs …
Merci par avance de les accepter, car la publicité locale ciblée est un moyen de soutenir le travail de notre rédaction qui s’engage à vous proposer au fil des rubriques et des enquêtes, une information de qualité, libre et sans censure.
En acceptant les cookies, vous pourrez accéder à certains contenus réservés et d’autres fonctionnalités que propose notre site, tout en nous aidant.
Discussion à propos de ce post