Avant de remédier aux maux de l’école, il est nécessaire d’identifier les causes de son échec. Pourquoi est-elle impuissante à transmettre les fondamentaux : lire, écrire, compter ? Toutes les enquêtes sur ce sujet confirment que le niveau en orthographe, en grammaire et en syntaxe s’est effondré. Comment en est-on arrivé là ?
Ecole : Le pédagogisme destructeur
La principale raison de cette faillite réside dans l’idéologie mise en avant par les réformateurs de l’école depuis des décennies : le pédagogisme. Les prophètes de cette idéologie poursuivent l’objectif insensé de vouloir apprendre aux enseignés à cultiver leurs « compétences », c’est-à-dire à apprendre par eux-mêmes ! « Apprendre à apprendre » : tel est le mot d’ordre que l’on donne aux futurs enseignants comme feuille de route !
Séduisant slogan qui fait office de cache-misère et qui apparaît bien creux dès lors qu’on l’approfondit un peu. En effet, un tel programme ne précise pas quel est précisément l’objet de l’enseignement que le professeur est censé dispenser à ses élèves !
Que doit-il leur apprendre au juste, alors que tout contenu de savoir est remisé au placard et que seul compte l’aptitude de l’élève à « apprendre », sans que soit jamais défini le complément d’objet direct du verbe ?
On a perdu le contenu de l’enseignement à l’école
«Apprendre à apprendre » : sous un dehors astucieux, la formule dissimule mal que le ressort de la transmission est cassé. La formule trahit surtout un manque d’ambition pour notre jeunesse, à laquelle ses nouveaux maîtres ne proposent d’« apprendre » presque rien, hormis la manipulation de quelques « boîtes à outils ».
Munis de ces notices, les élèves sont censés être en mesure de farfouiller sur Internet dans le but d’y glaner quelques menus « savoirs ». Mais ne les livre-t-on pas de la sorte à eux-mêmes, en les lâchant sans accompagnement en pleine jungle numérique ?
Les gourous de la nouvelle école caressent l’espoir fou que les jeunes accoucheront de leur propre « génie », comme s’ils étaient capables de récapituler, seuls dans leur coin, l’ensemble des étapes parcourues depuis l’aube des temps par l’esprit humain, capables d’assimiler par eux-mêmes, sans le secours d’aucune aide extérieure, les questionnements philosophiques de Platon et de Aristote !
Pareil programme témoigne d’un manque flagrant de modestie et de bon sens. Avant de s’approprier les problématiques soulevées par les deux philosophes grecs, il est nécessaire au préalable de savoir parler sa propre langue. Car la maîtrise du langage commande celle de la pensée. Que l’école commence donc par les fondamentaux de l’enseignement, avant de se lancer dans ses « ateliers pédagogiques » censés faire découvrir à l’élève le génie propre qu’il porte en lui !
Remarque similaire au sujet des « parcours d’ interdisciplinarité ». Sur ce terrain une certaine humilité est de rigueur. Avant de réfléchir sur un objet d’après plusieurs angles de vue, il serait plus judicieux de commencer par apprendre les fameuses « disciplines » les unes après les autres. Et de les apprendre correctement…
Une école qui apprend l’effort et le… français
Vaste chantier que celui de réapprendre l’effort et la patience à une jeunesse sur laquelle ont fantasmé ses nouveaux mentors ! Cette jeunesse à qui on a fait croire qu’il suffisait de maîtriser la technologie et les méthodes de « furetage » numérique pour accéder à la Connaissance universelle.
Hélas ! les moteurs de recherche ne vont pas subitement nous transformer en encyclopédistes ! Au rebours de tels objectifs fumeux, le rôle de l’école n’a pas changé : il s’agit pour elle d’apprendre le goût de l’effort et d’aider les élèves à acquérir les fondamentaux.
Dans ce domaine, l’apprentissage du français prime sur tous les autres pour la simple raison que l’initiation à la liberté est conditionnée par la maîtrise de la langue que l’on emploie.
Cessons de mettre la charrue avant les boeufs. Dès lors qu’ils sauront parler et écrire correctement le français, les enseignés ne seront plus les marionnettes de la langue mainstream qu’ils pensent parler, alors que c’est elle qui les façonne, qui leur dicte leurs conceptions du monde et leur prescrit pour finir leurs désirs et leurs…achats !
Une langue non maîtrisée peut penser à notre place
La langue appauvrie, celle que l’école défaitiste s’est résignée à apprendre à nos enfants, cette langue pense et commande insidieusement à ceux qui ne la maîtrisent pas.
En effet, une langue n’est jamais un instrument neutre. Elle conditionne nos pensées. Entre les mains d’habiles idéologues, elle peut s’avérer une arme redoutable de manipulation. Qu’il suffise de mentionner le détournement sémantique du triptyque républicain par le djihadisme culturel : liberté-égalité-fraternité.
Vu au travers du prisme de l’islamisme, la devise est traduite comme suit : liberté du séparatisme, égalité de traitement pour toutes les mouvances religieuses, même pour les plus liberticides, fraternité d’une communauté mythique des croyants. Attention à ne pas décérébrer notre jeunesse en la rendant influençable et manipulable !
Apprendre à lire, écrire et parler français : tel devrait être le premier stade de l’enseignement. Par exemple avec le retour en grâce de la méthode syllabique. Le pourcentage scandaleux d’élèves de sixième qui pâtissent de très graves lacunes en français est un signal d’alarme.
Pour y remédier, n’hésitons pas à renouer avec les recettes de jadis qui ont fait leurs preuves.
Jean-Michel Castaing
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