De l’utilité des législatives ?
Encore deux tours et le marathon électoral 2017 sera plié ! Beaucoup s’impatientent. Macron obtiendra-t-il une majorité au Parlement ? Les « affaires » influeront-elles sur le score d’ En Marche ! ? Jean-Luc Mélenchon arrivera-t-il à surmonter son dépit ? Combien de triangulaires ? De quadrangulaires ? Autant de questions qui alimentent les commentaires.
Complaisance pour les duels médiatiques
Au milieu de ces supputations, une donnée importante passe à la trappe : le programme des partis. Certes, chaque candidat a dévidé le sien devant les Français durant la campagne présidentielle. Les législatives sont-elles alors devenues inutiles sous ce rapport ? Si tel est le cas, les postulants à la députation n’auraient plus qu’à distribuer sur les marchés, aux citoyens dont ils briguent les suffrages, la feuille de route de leur candidat imprimée deux mois auparavant. Pourquoi faire une seconde campagne si les programmes sont déjà connus ?
Certains pensent que Macron a été élu dans des conditions peu nettes. Une clarification s’imposerait. D’autres prévoient au contraire que les Français seront conséquents, et donneront une majorité à notre nouveau Président. Les projecteurs sont braqués sur certains duels très médiatiques : à Marseille, à Paris. Ou bien dans telle ou telle circonscription où une vedette nationale entre en lice contre des inconnus qui comptent bien se payer une belle notoriété dans l’histoire. Pareille au diable, la société de spectacle ne dort jamais.
La présidentielle a-t-elle vampirisé les législatives ?
Cette campagne législative suscite un indéfinissable sentiment de frustration. Une chose est frappante en effet : les médias parlent peu du contenu des politiques en compétition. Overdose ? Peur du radotage ? Sentiment que l’affaire est pliée ? Conviction que Macron et la droite ne différent qu’à la marge, et qu’il ne sert à rien d’ergoter davantage ? Toujours est-il que la présidentielle semble avoir vampirisé les législatives. La perspective d’une forte abstention paraît confirmer ce diagnostic. Il ne faudrait pas que ces deux derniers tours électoraux deviennent l’ordalie censée départager revanchards, déçus et fatalistes.
Les hommes politiques n’ont pas à se justifier de ce qu’ils sont
Deux partis de gouvernement sont au bord de l’implosion. La France insoumise ne se remet toujours pas d’être passée si près de la qualification au second tour. Le FN digère difficilement la contre-performance de son leader durant le débat télévisé de l’entre-deux-tours. Une myriade de candidats locaux viennent interférer dans les batailles de circonscription.
Est-ce une raison pour s’abstenir de discuter du fond ? Et que vient faire ce projet de moralisation de la vie politique, initié en urgence ? Ne pouvait-il pas attendre la fin du processus électoral ? Comme si les hommes politiques souhaitaient se justifier de ce qu’ils sont ! Rendre des comptes sur ce qu’ils font, oui. Mais pas au point de demander pardon d’exercer leur mandat !
C’est une noble tâche que la politique. De nombreux papes ont rappelé qu’elle était une forme éminente de la charité. Voilà pourquoi il est à espérer que les élections législatives ne soient pas réduites aux purs calculs politiciens, voire aux commentaires psychologiques sur le mauvais caractère des uns, ou sur l’optimisme inoxydable des autres. Attendons le 18 juin pour juger de la forme. Dans l’intervalle, il serait souhaitable de continuer à faire de la politique jusqu’au bout.
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