Covid : La pandémie va changer votre mode de travail
Pour le monde du travail, il y aura un avant et un après la crise du Covid. Dans certains domaines, celle-ci a accéléré des tendances lourdes qui étaient déjà à l’œuvre avant qu’elle ne surgisse. Dans d’autres cas, la pandémie a été le catalyseur d’innovations qui redéfinissent en profondeur le sens du travail.
Montée en puissance du télétravail
La crise sanitaire a porté le focus sur le télétravail. Celui-ci s’est généralisé chez les cadres, avec des modalités différentes de répartition hebdomadaire entre présentiel et distantiel selon les professions ou la politique des dirigeants d’entreprise. Les salariés ont pu mesurer à cette occasion les avantages du télétravail : économie de temps passé dans les transports en commun ou sur la route pour se rendre sur le lieu du travail, moins de stress, empreinte carbone plus en adéquation avec les impératifs écologiques. Le télétravail permet également de mieux concilier vies professionnelle et familiale.
Au niveau de l’organisation du travail, les entreprises seront appelées à l’avenir à recruter davantage de personnels « free-lance » et d’indépendants. De plus, les relations entre collègues changeront. Le bureau deviendra un lieu d’échanges. L’espace collectif de travail mutera dans certaines unités en « mode » collaboratif et de socialisation. Ce qui se traduira par moins de bureaux individuels et plus de lieux de brassage d’expériences.
Mais attention ! Tout ne va pas devenir subitement rose ! Le télétravail risque d’entraîner une recrudescence de l’individualisme en distendant les liens physiques entre salariés. Les dirigeants devront veiller à ce que cette modalité de travail ne s’opère pas au détriment de la cohésion sociale de l’entreprise.
Autre bémol de taille : toutes les professions ne sont pas concernées par le télétravail. Seules les activités tertiaires, de service, sont impactées par le phénomène. Par exemple, les « premiers de corvée » ne basculeront jamais dans cette organisation du travail. Les Français ont pu le constater à l’occasion des confinements successifs. Le présentiel a encore un bel avenir devant lui.
Attractivité des villes petites et moyennes
La crise du Covid a accéléré le mouvement d’exode des grandes métropoles. Plusieurs causes motivent cette désaffection : insécurité, vie chère, temps perdu dans les transports, habitat restreint, pollution endémique. Le télétravail a fait redécouvrir aux salariés qui pouvaient en profiter les joies de la province et des villes à taille humaine.
Plus de fraîcheur, de contacts humains, de végétation, de facilités de déplacement : les Français goûtent de nouveau le charme discret des régions. Ce sont surtout les villes, moyennes ou plus petites, à proximité d’une gare ou d’un aéroport, qui sont concernées par ce phénomène d’émigration intérieure. En effet, les grandes métropoles continuent d’exercer leur pouvoir d’attraction : la majeure partie de la richesse économique nationale y est toujours concentrée.
Des espaces de travail plus conviviaux
La crise du Covid a changé également la perception du travail chez certains salariés. Ces derniers demandent davantage de « sens » à leurs activités professionnelles. Cette exigence s’est répercutée sur l’organisation spatiale des bureaux. Ceux-ci sont dorénavant plus « ouverts » et conviviaux. D’ailleurs, c’est tout l’immobilier de bureau qui est appelé à muter profondément. Les surfaces qui lui sont consacrées se réduiront considérablement dans les années à venir.
Dans le registre interpersonnel, le télétravail a mis en lumière le besoin de collaboration entre travailleurs en distantiel. La crise sanitaire a été un révélateur de la demande d’humanisation de l’organisation des tâches. A ce niveau, l’individualisation des activités n’est pas contradictoire avec la volonté de retrouver un sens du « collectif » marqué au coin de l’empathie et de la convivialité. La crise a opéré une prise de conscience chez les « managers » que la qualité prime souvent la quantité dans le domaine professionnel.
Fracture entre salariés
Cependant, les remarques précédentes ne doivent pas occulter le fait que la crise n’a rien changé pour la majorité des salariés. D’abord, le télétravail n’est pas généralisable. Ensuite, la montée en puissance de l’e-commerce, que la crise a accélérée, n’est pas une bonne chose pour tout le monde, notamment pour les commerces de proximité des centres-villes des petites agglomérations. Aussi le risque est-il grand que la fracture s’élargisse entre cadres, ouvriers ou personnels non-qualifiés, commerçants et indépendants. La quête de « sens » en matière de travail est souvent un luxe auquel ne peuvent prétendre tous les « premiers de corvée ». Dans ces conditions, l’éventualité qu’éclate une crise semblable à celle des « Gilets jaunes » n’est pas à écarter.
Souplesse managériale
La crise du Covid a mis les responsables de beaucoup d’entreprises devant le fait accompli : les salariés, en devenant plus exigeants en matière de qualité de vie au travail, ont changé les réflexes des politiques managériales. L’individualisme et le délitement de la culture d’entreprise, d’un certain « esprit de corps », favoriseront à moyen et long terme l’émergence d’une gestion plus personnalisée du temps de travail. Les manageurs devront intégrer la remise en question d’une gestion trop hiérarchique et raide de l’organisation du travail. Les salariés sont dorénavant en quête de bien-être et de sens.
A l’avenir, leurs questionnements au sujet de la signification de leurs tâches devront être mieux pris en compte par les responsables. La crise sanitaire a mis en évidence la tension qui existait déjà entre revendications individuelles d’un côté et impératif de recréer du lien et du collectif de l’autre. Le retour sur le lieu du travail ne sera pas évident pour tout le monde ! Déjà nombre de cadres, en aménageant à la campagne, demandent un aménagement de leurs horaires en fonction de leur volonté de privilégier le distantiel. Ces exigences entraîneront plus de reconnaissance, de la part de la hiérarchie, de l’autonomie de certains salariés dans l’exercice de leurs fonctions.
Enfin, gardons à l’esprit que pour la majorité des salariés ou des indépendants, la crise du Covid n’aura aucun impact sur la qualité de leur quotidien – indépendamment de ses répercutions purement économiques. Voilà de quoi relativiser les effets des mutations, pourtant bien réelles, décrites plus haut. D’autant plus que la concurrence économique entre nations n’a jamais cessé et ne donne aucun signe qu’elle s’apprête à le faire. L’après Covid ne fera pas disparaître la réalité des contraintes économiques.
Jean-Michel Castaing
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