Malgré la tentation de beaucoup d’électeurs de s’abstenir au second tour de l’élection présidentielle, ou de renvoyer les deux candidats dos à dos, il existe des différences substantielles entre les programmes d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen.
Macron-Le Pen : Quatre différences majeures
Ces différences se déclinent sur quatre plans : économie, sociétal, identité et Europe.
Sur le plan économique, le programme de Macron est marqué par un libéralisme faisant plus ou moins confiance (selon la latitude qu’il laissera à l’Etat d’intervenir pour corriger son cours) à l’auto-régulation du marché. A contrario, Le Pen fait explicitement appel à l’interventionnisme de l’Etat. Mais on peut s’interroger sur les sources de financement de cette solution.
Au niveau sociétal, Emmanuel Macron s’inscrit dans la ligne de l’individualisme de mai soixante-huit, avec pour corollaire l’attention portée aux « différences ». La généalogie du courant En Marche ! est incontestablement marquée par l’idéologie libertaire qui se prévaut du droit des minorités à l’obtention de « droits » pour se poser en champion de la tolérance. Le FN, de son côté, valorise davantage les traditions ancestrales, les valeurs de la collectivité, les coutumes ancestrales.
Terrain identitaire
Le terrain « identitaire » est le plus clivant. Le FN souligne l’identité de la Nation comme la résultante d’une histoire longue, avec la tentation d’un ethnocentrisme qui, même s’il ne dit pas son nom, n’en demeure pas moins sous-entendu, avec le risque de rejet dont il est porteur. En témoigne la thématique très prégnante de l’immigration (qui reste la première motivation de son électorat, malgré toutes les dénégations). La vision du candidat d’En Marche! semble plus marquée par une « ouverture » à un monde bariolé, aux frontières plus étanches, plus poreuses. Une « ouverture » qui agit souvent comme un slogan creux.
Quant à l’identité « plurielle », elle n’est souvent qu’une illusion : tous les hommes ont des racines et des appartenances, qu’ils se revendiquent de gauche ou de droite. Macron serait bien inspiré de s’aviser que l’individu ne se construit jamais à partir de rien, mais qu’il est toujours redevable à un groupe de ce qu’il est, que ce soit la nation ou bien une appartenance plus restreinte. On ne se décide jamais de « s’ouvrir » à partir de nulle-part.
Europe
Dernier sujet de désaccord : l’Europe. Là encore, la différence est assez marquée. Le souverainisme de Marine Le Pen, et son projet velléitaire de quitter l’Europe, s’oppose à celui de Macron. Ce dernier met au contraire ses pas dans ceux des présidents français qui l’ont précédé, et ne craint pas d’assumer le projet européen de ses devanciers, avec des corrections si besoin.
A la recherche d’une troisième voie
Bien que ces deux lignes politiques soient très différentes, il n’en demeure pas moins que beaucoup d’électeurs ne se reconnaissent dans aucune des deux. Pour les uns, Macron est trop libéral ou trop libertaire. Pour les autres, le projet économique de Marine Le Pen est utopiste et nous plongerait rapidement dans le déclassement économique. A ce grief s’ajoute le plus important : malgré l’ entreprise de « dédiabolisation », nombreux sont ceux qui ne croient pas que le FN ait réussi à surmonter ses réflexes d’exclusion et d’extrémisme.
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