En refusant d’appeler au calme durant les émeutes, Jean-Luc Mélenchon a déconstruit sa stature d’homme d’Etat qu’il s’évertuait de cultiver depuis des années pour étayer ses ambitions présidentielles.
La principale victime des émeutes est Jean-Luc Mélenchon. Le chef des Insoumis aura manqué une nouvelle fois l’occasion de se comporter en homme d’Etat. La séquence des émeutes lui aura été fatale. Car les Français, horrifiés par la violence des scènes de pillages et surtout d’incendies de bâtiments publics, ne sont pas prêts à passer l’éponge sur son refus d’appeler au calme. Pour une majorité d’entre eux, Mélenchon s’est rendu le complice tacite des émeutiers auxquels il trouve toutes sortes d’excuses et qu’il entretient dans leur ressentiment.
La chute de la maison Mélenchon
Au fond de lui, l’Insoumis en chef pressent que son refus d’appeler au calme signe sa mort politique. C’est la raison pour laquelle il a cru bon de se fendre d’une vidéo dans laquelle il exhortait les casseurs de respecter les écoles. Cependant, il n’est pas allé au-delà. Enfermé dans sa bulle idéologique, Mélenchon a perdu le sens des réalités. Ses capteurs oxydés ne lui transmettent plus le pouls de la population.
Les émeutes auront servi de révélateurs en portant au jour le vice idéologique sur lequel il a bâti sa stratégie. Mélenchon a tout misé en effet sur le clientélisme en draguant lourdement les populations des banlieues, sans s’apercevoir qu’elles aussi aspiraient au calme. Ce vice idéologique a engendré chez lui le biais cognitif qui lui a fait prendre les manifestations de violence pour des appels à la justice. Confondre de la sorte vessies et lanternes lui a définitivement aliéné l’opinion des Français.
Cela faisait déjà longtemps que Mélenchon flirtait avec la ligne rouge. Cette fois-ci, il l’a allègrement franchie. Mais doit-on s’en étonner ? La chute de la maison Mélenchon n’est-elle pas inscrite dans l’ADN de sa nouvelle ligne idéologique qui lui a fait troquer le républicanisme de gauche pour la radicalité des luttes intersectionnelles ?
En fait, la fin programmée du mélenchonisme lève le voile sur ce qui existait en germe au commencement. Le radicalisme de La France Insoumise ne pouvait finir sa course que dans la voie suicidaire de l’excuse de la violence. Appeler au calme était au-dessous de ses forces, de la même manière que dire du bien d’une personne qu’il n’aime pas déformerait la bouche de celui qui nourrit des sentiments négatifs à son égard.
Le Crépuscule des dieux à la sauce LFI
Le cas Mélenchon n’est pas le seul à fournir l’exemple de ce type de figure où la fin révèle ce qui existait depuis le commencement. Dans la Tétralogie de Wagner, plus le récit progresse vers sa fin, plus il régresse vers une origine insoupçonnée. Dans chacun de trois opéras de cette oeuvre, un personnage raconte tout depuis le début. Chaque fois, on en apprend plus sur les ressorts cachés de la marche du monde.
Chaque fois, la révélation se fait plus profonde, plus essentielle. Si bien que dans Le Crépuscule des dieux, le dernier opéra, les Normes qui filent le destin du monde en tissant le fil du temps, nous révèlent enfin pourquoi le dieu des dieux, Wotan, a perdu un œil et ce qu’il a fait au commencement. Le spectateur apprend par la voix des Normes (les parques de la mythologie germanique) que le premier perturbateur de l’univers, c’est le dieu même qui est chargé de préserver l’ordre du monde ! Wotan s’est taillé une lance (symbole et instrument du pouvoir) avec le bois du frêne du monde au pied duquel coulait la source des eaux de la sagesse où il vint boire mais en y laissant un oeil.
Or, ce frêne était l’axe du monde. Par ce geste, le dieu des dieux a brisé l’harmonie cosmique. Depuis, le frêne dépérit lentement si bien que son bois mort servira de bûcher pour l’embrasement final dans lequel les dieux périront à la fin de la Tétralogie.
Cette histoire des origines n’est révélée au spectateur que dans le prélude du dernier opéra de la Tétralogie. De la même façon, les Français prennent connaissance de la vraie nature de la France Insoumise à l’occasion des émeutes, c’est-à-dire quand le drame est sur le point de s’achever – émeutes qui risquent de servir de bûcher aux ambitions de Jean-Luc Mélenchon. La fascination pour la violence de LFI qui restait jusqu’ici tapie dans le non-dit, apparaît désormais en pleine lumière. Par ailleurs, à l’instar de Wotan, Mélenchon s’est taillé un sceptre dans le bois encore vert du PS pour régner, depuis son Walhall, sur la gauche.
La question se pose maintenant : la Nupes le suivra-t-elle dans sa voie suicidaire ?
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