Rien ne sert de sortir du « déni du réel », comme le demande le Président, si on ne s’attaque pas aux causes qui nous y ont plongés.
Macron peut-il nous surprendre en regardant la réalité en face ?
Emmanuel Macron a averti : si nous restons dans le déni du réel, Marine Le Pen parviendra au pouvoir en 2027. Par le terme de « réel », sans doute entend-il ce qui marche mal en France : l’instruction publique (l’Ecole), l’immigration, la sécurité, les inégalités. Avec cette mise en garde, le Président prévient son camp, c’est-à-dire sa majorité relative, qu’elle devra désormais regarder les réalités désagréables en face sans contourner l’obstacle. Sera-t-il entendu par son camp ?
Tirer les leçons de l’écroulement de la gauche
Les intellectuels de droite récitent à l’envi le mantra tiré de propos de Charles Péguy : « voir ce que l’on voit ». Bref, sortir du déni du réel comme le prescrit Macron. Que la France ait mal à son immigration, à son Ecole, à son ordre public, à son addiction aux prestations sociales, de plus en plus d’hommes politiques en conviennent. Et si la gauche atteint l’étiage le plus bas de son histoire, cela tient justement à ce que, pour elle, ces problèmes n’existent pas. La gauche ne voit pas l’éléphant dans la pièce : sa maladie est plus grave qu’on ne l’imagine. Qu’elle ne compte pas sur le RN pour l’aider à recouvrer la vue : le déni de la gauche a rabattu les classes populaires vers le parti de Marine Le Pen. Toutefois, en dehors de la gauche, les partis politiques s’accordent sur le constat du mauvais état de notre pays.
Le réel n’est pas bonne fille
Toutefois, poser le diagnostic est une chose, proposer le remède pour remédier à la situation en est une autre. C’est ici que le macronisme risque de manquer sa cible. Dénoncer les effets sans s’attaquer à leurs causes revient à tirer un coup d’épée dans l’eau. Macron est prisonnier de l’ambiguïté inhérente à son idéologie. L’attelage hétéroclite de sa majorité relative montre ses limites lorsqu’il s’agit de s’attaquer au dur des problèmes. Par exemple, il n’est pas sûr que Pap Ndiaye soit la personne la mieux indiquée pour mener une réforme courageuse de l’instruction publique.
Car le « réel » cher au Président ne tombe pas du ciel. Il provient de causes antécédentes. C’est celles-ci qu’il s’agit de traiter. Or, la macronie s’y résoudra-t-elle ? Parviendra-t-elle à passer outre le tour de passe-passe du « en même temps », son illusionnisme fondateur ? On connaît le formule de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences de ce dont ils chérissent les causes ». Le « réel » n’est pas bonne fille. Il possède sa logique. On ne l’amadoue pas avec les cajoleries de la pensée inclusive. Une grande partie des hommes et femmes politiques sont persuadés qu’en pensant « bien », ils arriveront à changer la nature des choses. Cela s’appelle la pensée magique.
Répondre : « chiche ! » à Macron
Les Français ne demandent pas à leurs responsables des certificats de vertu ou de bien-pensance. Simplement d’assurer la continuité historique de la France et ses droits fondamentaux. Pour cela, s’extirper du déni du réel ne suffira pas. Il est nécessaire de s’attaquer aux raisons du mauvais état dans lequel se trouve notre pays. Sur ce terrain, les incantations ne sont plus d’aucune utilité. Reste à savoir si le logiciel compliqué du macronisme sera compatible avec les mesures délicates à mettre en oeuvre pour redresser la France. La fin de l’ère du « en même temps » a sonné.
Jean-Michel Castaing
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